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C'est quoi cette manie de juger les autres ?

Quelle que soient leurs valeurs, leurs convictions religieuses, leur condition sociale, leur éducation, leur profession ou leurs origines, certaines personnes passent leur vie à observer, critiquer et juger celles des autres, sans que personne ne leur ait demandé leur avis.

Certes, dans notre société cartésienne qui fait de la pensée la condition sine qua non de l’existence, nous sommes souvent invités à utiliser notre sens critique (ne pas tout croire, ne pas tout accepter). Mais, pour certains, cet exercice sain de l’esprit est devenu une véritable manie : ils assènent des jugements sur autrui à longueur de journée, tirent sur tout ce qui bouge …

Nous connaissons tous ce genre de personnes, ces juges du dimanche qui n’ont ni robe, ni perruque blanche mais qui se plaisent à imposer à leur entourage leurs sentences souvent peu réfléchies et, parfois, malheureusement, toxiques pour leurs victimes.

En règle générale, pour ne pas dire toujours (mais il faudrait éviter les généralisations caricaturales), il a été observé par de nombreux professionnels de la santé mentale que les personnes qui jugent les autres :

- ont une vie insipide, inodore, incolore, ennuyeuse, banale, insignifiante, raison pour laquelle elles intoxiquent celle des autres, souvent bien plus intéressante … - ne sont pas satisfaites et/ou heureuses de ce qu’elles font de leur vie, ce qui les pousse à mal prendre le fait qu’un tiers puisse, lui, être heureux, épanoui … - ne sont pas obligatoirement des personnes froides et/ou distantes, pas plus qu’elles n’ont de mauvaises pensées ou de mauvais sentiments, mais ce sont le plus souvent des personnes profondément frustrées, en mal-être, en recherche de personnalité … Cette frustration, qui se traduit généralement par de l’agressivité, peut se manifester de diverses manières :

- Les juges auto-proclamés justifient leurs décisions, leurs choix de vie, en dénigrant systématiquement la vie des autres car, ce faisant, ils s'offrent le monopole de la pseudo-inteligence et fuient par la même occasion les remises en question personnelles. Ces personnes essaient en effet de se persuader qu’elles sont forcément meilleures que les autres, qu’elles prennent les bonnes décisions, contrairement à celles et ceux qu’elles critiquent. Elles flattent ainsi leur ego. L’ego, toujours l’ego … - Ces personnes ne partagent pas leurs idées dans le cadre d'un débat serein, pas plus qu’elles n’essaient de comprendre le point de vue de l’autre : tournées sur elles-mêmes, elles ne parlent que des gens, en essayant de les dénigrer, de les salir, de les rabaisser, de les dévaloriser pour tenter (en vain) de se mettre, elles, en valeur. - Elles donnent régulièrement leur avis (non sollicité) sur les autres, non pas objectivement sous un angle global qui reprendrait les « échecs » et les « réussites » de la personne, ses mérites, ses qualités et ses défauts, mais sans la moindre empathie, sans chercher à comprendre : elles jugent l’autre en se basant sur des généralisations réductrices qui les ancrent dans le réductionnisme, la bêtise et la subjectivité. - Elles ont des croyances qu’elles imposent de manière péremptoire, non pas pour soutenir, apaiser ou aider leur entourage mais pour le seul plaisir de juger les autres, pour cultiver une pseudo supériorité de façade, une affirmation de soi illusoire qui, en réalité, masque un vrai complexe d’infériorité. - Elles ont peu d’activités, peu de hobbies, peu ou pas de passions … ce qui explique pourquoi leur vie est à ce point insipide … et pourquoi elles se préoccupent tant de celle des autres : pour ne pas s’enterrer dans leur ennui. - Ces personnes jugent continuellement leurs semblables mais elles ne supportent pas le fait d’être elles-mêmes jugées car elles ne sont pas capables de la moindre autocritique. Si l’autre les juge, elles se persuadent que c’est parce qu’il ou elle est jaloux. Mais, bien sûr, ils refusent de s’adresser la même critique quand ce sont eux qui jugent l'autre … - Elles sont facilement irritables, susceptibles même. - Elles veulent croire que les réussites des autres ne sont pas dues à leurs mérites mais à des causes externes, un peu comme si elles avaient eu de la chance, comme si ces victoires étaient uniquement dues à d’autres personnes qui les ont aidées ou soutenues (exemple : « si tu as réussis tes études, c’est grâce à tes parents » ; "si tu as plus de succès que moi en tant que modèle, c’est parce que tu as eu la chance de tomber sur de bons photographes"). Par contre, cela va de soi, elles s’approprient tous les mérites de leurs propres réussites. En d’autres termes, leur réussite est justifiée, celle des autres n’est que le fruit du hasard. - Le plus souvent, elles n’expriment pas leur opinion en présence de beaucoup de personnes pour ne pas prendre le risque d’être prises en défaut, désavouées, rejetées, etc. Elles se flattent ainsi de dire les choses en face, droit dans les yeux de l’autre … mais n’oseraient pas tenir le même langage désobligeant devant d’autres personnes qui les remettraient vite à leur place. - Leurs critiques reflètent la plupart du temps leur désir d’expérimenter ce que la vie leur a refusé, ce qu’elles n’ont pas réussi à obtenir par elles-mêmes ou ce qu’elles n’ont tout simplement pas osé entreprendre. « Quoi ? Tu poses nue en photo ? Tu es une perverse, une exhibitionniste, une folle, tu ne te respectes pas, tu n’as aucun sens moral, tu devrais avoir honte de toi » = « je n’oserais jamais faire cela, je ne suis pas à l’aise dans mon corps, j’ai peur du jugement des autres, je ne suis pas capable de m’affranchir des conditionnements de mon éducation, je ne sais pas faire preuve d’empathie, je me crois meilleure que l’autre mais ne suis pas capable d’oser faire ce que l'autre fait alors je le critique, je juge parce que je n’ai pas son ouverture d’esprit, sa liberté de pensée, son courage, l’intelligence de faire les choses qui me plaisent, pour moi, sans me préoccuper des autres ». - Elles ne cherchent pas à s’améliorer puisque, dans leur esprit, c’est toujours l’autre qui devrait essayer de se hisser à leur hauteur. Ce faisant, ces personnes n’évoluent pas … - Elles considèrent que la meilleure façon pour elles de se mettre en avant, c’est de réduire la valeur des autres. Pourtant, les gens réellement brillants éclairent le Monde, ils ne cherchent pas constamment à éteindre ceux qui les entourent … - Leurs jugements peuvent être aussi bien légers et privés que dangereux et publics. Pourquoi cette hargne ? 1° Par peur d’être jugé(e) En s’attribuant l’autorité suprême du juge, l’individu se croit supérieur à sa victime, intouchable, tel un dieu prononçant sa sentence. Derrière ce désir de puissance se cache en réalité la peur inconsciente d’être soi-même la cible des jugements : « Cela tient au fait que nous fonctionnons en miroir les uns par rapport aux autres » affirme Yolande Gannac-Mayanobe, psychologue clinicienne. « La remarque négative que nous faisons sur autrui n’est bien souvent qu’une réflexion – au sens d’image – de nous-même. » Ce travail inconscient, appelé « projection », est un mécanisme d’autodéfense bien connu en psychologie : en refusant de « passer de l’autre côté du miroir », où se trouve justement la vérité qui le concerne, l’individu évite une confrontation directe avec sa part d’ombre. 2° Par perfectionnisme « Il y a deux formes de perfectionnisme, explique Jean Cottraux, psychiatre cognitiviste. Le positif consiste à encourager l’autre à s’améliorer ; le négatif se traduit par la critique systématique. » Dans ce dernier cas, la personne qui juge ne voit jamais rien de bon, tant en ce qui la concerne qu’en ce qui concerne ceux qui l’entourent. Dans son souci obsessionnel de perfection, rien n’est jamais assez bien pour elle. Ce faisant, elle essaie de provoquer un sentiment de culpabilité chez ses victimes mais, au final, elle se condamne elle-même à une éternelle insatisfaction due à ses propres comportements. 3° Par réaction aux injonctions parentales La personne qui passe son temps à juger les autres pour tenter tant bien que mal (mais plutôt mal) de donner un sens à son inexistence n’a généralement pour ne pas dire toujours aucune confiance en elle. « Ce sont des personnes que leurs parents n’ont cessé de dévaloriser, en les assommant de remarques telles que : « Tu n’arriveras jamais à rien », selon Jean Cottraux. Comme l’explique la psychothérapeute Ariane Anastassopoulos, c’est aussi par réaction défensive à l’égard de cette éducation reçue que certains deviennent des juges compulsifs, se comportant à leur tour en parents critiques vis-à-vis des autres, parce qu’ils n’ont pas réussi à se détacher des jugements prononcés à leur encontre. Une personne qui a confiance en elle, qui a une belle estime de soi, ne perd pas son temps à rabaisser inutilement les autres : ce n’est pas nécessaire pour elle, elle se sent bien dans sa peau et ne se préoccupe pas de celle de ses comparses. 3° Par manque d’amour de soi Quand les parents mettent la barre trop haut pour l'enfant et qu’ils multiplient les reproches pour le conditionner à devenir comme ils voudraient qu'il soit, l'enfant ne garde en mémoire que ces jugements négatifs. Ce manque d’amour pour lui, l’enfant le transforme en grandissant en manque d’amour pour les autres. A son tour, il infligera à son entourage le même type de jugements que ceux qui l’ont fait souffrir, mais sans s’en rendre compte, sans se poser les bonnes questions, en reproduisant les mêmes erreurs que ses parents, en se les appropriant. Quel est le résultat, au final, de ces jugements ? La critique tombe comme une sentence qui empêche toute découverte de l’autre. Le juge se ferme lui-même à de nouvelles idées, à de nouvelles expériences. Or, l’épanouissement d’une personne dépend nécessairement de sa capacité d’ouverture au monde, de son état d’esprit … Ces personnes sont tout simplement incapables de rentrer dans une relation empathique avec les autres. Plutôt que de prononcer hâtivement un verdict sur une personne, elles feraient mieux d’apprendre à la laisser parler, à l’écouter, à l’observer. C’est ainsi que l’on apprend la tolérance, vertu indispensable du mieux-vivre en société. C’est en ayant cette ouverture d’esprit que l’on grandit ! Le jugement est l’expression mal dissimulée d’une volonté de puissance et de domination qui tient au besoin d’avoir toujours raison (pour ne pas avoir à se remettre en question). Il relève encore et toujours de l’ego et tient en définitive en une seule phrase : « je suis meilleur(e) que l’autre parce que moi, à sa place, je ne ferais pas ceci ou cela … » … sauf que le juge n’est pas à la place de l’autre, qu’il n’a pas le même vécu que l’autre qui a, peut-être, bien plus de mérite que ce juge autoproclamé. Que faire, face à ces juges qui savent tout mieux que tout le monde ? Le juge n’épargne personne, pas même ses proches. Se soumettre à ses critiques, les croire, c’est risquer de perdre toute estime de soi et développer progressivement le syndrome du vilain petit canard. Mieux vaut ignorer purement et simplement ces personnes et ne jamais leur offrir la chance de blesser votre réputation personnelle ou professionnelle face à un grand nombre d’amis, à certains membres de votre famille ou toute autre audience. Face à ce genre de personnes, la seule arme vraiment utile, c’est l’ignorance ou l’indifférence… parce qu’elles n’en valent pas la peine et que, la plupart du temps, elles n’atteignent pas la semelle des chaussures des gens qu’elles critiquent. Il est inutile de chercher à les raisonner, inutile de tenter de les convaincre du mal-fondé de leurs jugements, inutile de mettre leur nez dans leur caca : elles sont fermées à la discussion et préfèrent continuer à penser aveuglément que celui ou celle qui leur parle est fou ou folle, qu’il ou elle ne comprend jamais rien, qu’il ou elle est toxique, qu’il ou elle a forcément tort … C’est la fameuse « projection » dont on parlait un peu plus haut : on reproche à l’autre son propre comportement. Il n’y a pas la moindre remise en question à espérer de leur part. Une personne (émotionnellement) mâture est une personne qui ne critique pas, qui ne juge pas l’autre. On peut, bien sûr, toujours donner (éventuellement) un avis, un conseil avec bienveillance dans une perspective altruiste … mais si l’avis non sollicité est systématiquement négatif, il est inutile car il ne sert à rien d’autre que de flatter l’ego de son auteur, il n’aide pas la personne concernée (bien au contraire). Le jugement, c’est l’inverse de l’empathie. Voilà. C’était la leçon de psychologie du jeudi de Tonton Thierry (qui ne dit pas que des conneries).


Les gens qui jugent les autres ...
Fuck les jugements sur les autres !


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